Refuges gardés et Covid

Les vacances d’été approchent à grands pas et, aux dernières nouvelles, les Français auront le droit de se rendre où ils veulent sur le territoire pour ces vacances ; c’est déjà bien et encore, ce n’est pas archi-sûr… Mais que va-t-il se passer pour les refuges gardés dans les Pyrénées et dans les Alpes ?

Actuellement, c’est-à-dire d’après les derniers documents publiés par le CAF au 15 mai, rien n’est arrêté. Les différents scénarios envisagés (par le CAF) vont d’une ouverture sous conditions à la fermeture totale sans aucun gardiennage.
A notre avis, la fermeture totale serait à coup sûr une erreur absolue car si les Français n’ont pas le droit de sortir du territoire pour les vacances d’été, on peut imaginer sans peine une fréquentation accrue des sentiers de nos montagnes. Et on peut supposer raisonnablement qu’un certain nombre de randonneurs vont être novices dans cette activité et seront de ce fait peu expérimentés. Donc, si les refuges sont totalement fermés, les gardiens ne pourront pas exercer une de leurs tâches primordiales qui consiste à conseiller les randonneurs sur leurs itinéraires en fonction de leurs capacités. On peut alors légitimement imaginer un nombre d’incidents ou d’accidents en montagne en hausse vertigineuse. Les hélicoptères des CRS de montagne risquent d’effectuer des rotations non-stop vers les hôpitaux et, de ce fait, saturer les urgences… C’est donc une hypothèse qui nous paraît tout simplement inenvisageable.
Une ouverture dans des conditions « normales » paraît elle aussi difficilement concevable. Certains imaginent des repas du soir qui pourraient être pris à l’extérieur : solution beaucoup trop dépendante de la météo. Pour l’hébergement (les nuitées), il faudrait bien sûr réduire drastiquement les capacités d’accueil pour les refuges.

Notre solution : avec nos modestes capacités cérébrales, voici la solution que nous avons imaginée pour les refuges gardés : installer un, deux ou trois marabouts autour du refuge (suivant les capacités d’accueil habituelles des refuges et les possibilités qu’offre le relief du terrain), qui permettraient à la fois de prendre des repas à l’abri et à distance les uns des autres mais aussi d’héberger les randonneurs pour les nuitées. L’armée pourrait prêter les marabouts en question, elle doit en avoir suffisamment en stock pour équiper tous les refuges gardés de nos montagnes. Les lits pourraient être protégés par un drap qui serait changé chaque jour. Exposés dehors sur des fils à linge, ils seraient réutilisables au bout de 2 ou 3 jours (le temps que l’éventuel virus s’éteigne), même sans être lavés à chaque fois. Et les randonneurs seraient tous équipés de leur propre duvet, sans prêt de couvertures ou alors à titre exceptionnel, et alors le même traitement serait appliqué aux couvertures qu’aux draps. On peut aussi inviter un maximum de randonneurs à emporter une tente.
Cette solution permettrait aux refuges de fonctionner de manière quasi normale et les gardiens pourraient assurer leur mission de conseil. Et, point très important, la saison serait « sauvée » également d’un point de vue financier.

Si cette organisation s’avère impossible en raison de conditions sanitaires trop strictes, une autre solution nous paraît possible, certes moins glorieuse mais ce serait mieux que rien : les refuges ouvriraient avec un gardien et un personnel réduit et se transformeraient en restaurants-épiceries de montagne. Des plats du jour pourraient être servis sur une large plage horaire (par exemple pour le repas de midi : 11h-15h), afin de limiter le nombre de randonneurs qui prendraient leur repas en même temps. Et le reste du temps, les gardiens et leurs assistants pourraient vendre de la nourriture et des boissons aux randonneurs de passage ; et quand nous disons « nourriture », nous ne voulons pas dire des pique-niques préparés d’avance, nous voulons dire du pain, du fromage, de la charcuterie, de la viande séchée, des fruits secs, des boîtes de ci ou de ça, du lyophilisé (pour les amateurs), des soupes, du chocolat, des biscuits, du gaz et pourquoi pas quelques fruits… bref, des choses qui intéressent les randonneurs et qui leur permettent de se composer leurs propres repas pendant un ou plusieurs jours. Et je suis sûr que nombre de producteurs locaux seraient prêts à fournir de belles tommes de vache ou de brebis, ainsi que viande et charcuterie… Cette solution permettrait au gardien d’assurer là encore sa mission de conseil (qui nous paraît vitale, surtout s’il y a surfréquentation des sentiers) et la vente de produits pourrait assurer des revenus non négligeables aux refuges. Et si les dortoirs ne sont pas occupés, il y aura de la place pour stocker la nourriture… Cela pourrait occasionner quelques rotations d’hélico supplémentaires pour les livraisons mais leur coût serait reporté sur le prix des articles vendus, dans la limite du raisonnable bien sûr…

Dans tous les cas, si les refuges ouvrent, et c’est plus que souhaitable, il faut que les conditions de cette ouverture assurent des revenus décents aux gardiens et à leurs assistants, cela va de soi.

Pour finir, un mot sur les refuges, cabanes et abris non gardés : à notre avis, la fermeture de ces abris serait une erreur, dans la mesure où elle risque d’engendrer de sérieuses dégradations. Il vaudrait mieux informer « massivement » les randonneurs en leur déconseillant fortement d’occuper ces lieux, sauf conditions extrêmes. Si ces abris ne sont occupés qu’occasionnellement, les éventuels virus déposés par certains auront le temps de s’auto-détruire avant l’arrivée des suivants… Un cahier pourrait être mis à disposition des randonneurs où ils pourraient indiquer la date de la dernière occupation des lieux et, éventuellement, les couchettes qui ont été occupées (quand il y en a). Là encore, il serait bon de conseiller aux randonneurs d’emporter leur tente. Bien sûr, cette hypothèse présuppose un certain degré de responsabilité des randonneurs mais une bonne information et la crainte du virus peuvent peut-être engendrer cette prise de responsabilité ? J’avoue que cette idée est quelque peu utopique, la réalité quotidienne a plutôt tendance à nous prouver le contraire… mais je ne vois pas d’autre solution plausible à cette question.

En ce qui concerne les refuges gardés, nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons des infos plus « définitives ».

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