Vous avez parcouru tout ou partie de la Trans’ Alpes, de la Trans Pyr’ ou de la HRP et vous voulez partager vos impressions sur cet été 2013 plutôt très beau mais à l’enneigement très important et très tardif.
Bien sûr, les Pyrénées sont concernées au premier chef par cet enneigement mais les randonneurs de la Trans’ Alpes ont trouvé beaucoup de neige aussi sur leur parcours. Face à l’enneigement, certains se sont équipés pour tenter de suivre l’itinéraire à la lettre alors que d’autres ont préféré revoir leur parcours à la baisse (d’altitude) ou différer leur départ.
Vos commentaires sur cet été assez particulier sont les bienvenus, de même que vos remarques sur les itinéraires ou sur les topos…
Tout d’abord, bravo et merci à Jérôme pour ce beau travail. C’est un plaisir d’échapper aux sentiers battus des GRs et autres Tour de X et de traverser de beaux massifs, faire quelques sommets et des passages techniques.
Après la HRP en 2010 et 2012 nous nous sommes attaqués à la Trans’Alpes en 2013. Nous avons fait les étapes de 1 à 11 (Meillerie à La Fouly) pendant la deuxième quinzaine d’août 2013. Pour nous, un très faible enneigement, ce qui était bien appréciable pour les endroits plus techniques comme le Pas au Taureau et le Mont Buet.
ETAPES
Globalement elles nous ont convenus. Pour nous (et d’autres personnes habitant loin des montagnes ?) les cinq premières étapes étaient un peu trop salées. Peut être couper un peu autrement cette première partie ? Grâce à la tente, nous avons pu faire cette partie en 6 jours et demi.
Nous avons trouvé un joli abri bien agencé, propre et ouvert qui peut servir de première étape. Il fait partie des Chalets de Corniens à 1393 mètres, juste derrière le col des Corniens. Cet abri spacieux est tenu par l’association de chasse locale (Lajoux ?) et comprend des tables et chaises, des planches pour dormir, un deuxième étage propre avec des planches, et même de la vaisselle, des bougies et du PQ à notre passage !
Autre information qui peut être utile : le chemin entre le col de Corniens et les chalets des Mémises (étape 1) est fermé depuis au moins un an à cause d’un éboulis.
REFUGES
Excellents dans l’ensemble, avec comme notable exception le refuge du Col de Balme. Accueil médiocre, prix salés (45 EUR pour la « demie-pension », très peu de nourriture et de mauvaise qualité), aucun service. Vraiment à éviter ! Comme alternative du Col de Balme on nous a recommandés Les Écuries de Charamillon, à Charamillon au SO de Col de Balme (lesecuries1900@gmail.com, 04.50.54.17.07). Nous ne l’avons pas testé par contre, pour ne pas allonger l’étape 9.
Nous avons par contre eu de très bonnes expériences à La Vogealle, au gîte de Salvagny, au refuge du Grenairon et à la Cabane d’Orny. Le spectaculaire refuge de la Dent d’Oche n’était pas mal non plus.
Attention : à La Fouly le gîte d’étape Les Girolles n’existe plus. On peut par contre aller au Camping Des Glaciers qui propose des caravanes pour un prix acceptable, des chalets et bien sûr des emplacements pour la tente. Accueil très bon, beau site, bon standing.
TOPOGUIDE
Nous l’avons trouvé bien écrit, utile avec des indications qu’il faut quand il faut.
Ce serait bien de remplacer les croquis par des copies des cartes IGN comme pour la HRP. Sinon, étoffer un peu les croquis, par exemple avec des frontières des pays, ou peut être des images aériennes.
Au plaisir de continuer le périple l’année prochaine !
Avec des salutations montagnardes,
Gabriela
Philippe
bonjour
Nous avions fait mon amie et moi une première traversée Léman-Tignes en 2011. Les problèmes pulmonaires de mon amie ont retardé d’un an la suite du trajet. Cette année nous avons donc fait Tignes-Isola du 24/7 au 12/8 (3 semaines, les étapes de 7 à 8 h nous paraissent trop lourdes – 67 ans + autonomie totale – ).
Cette année grand beau quasi total. Finie la gadoue 2011 !!! Par contre année exceptionnellement neigeuse avec névés gelés ou très raides. On nous a dissuadés 2 fois d’emprunter l’itinéraire prévu : pointe du grand pré et pas du corborant. On a failli renoncer au col d’ambin devant la pente du névé – 2 randonneurs mieux équipés rencontrés au lac nous ont fait la trace et sécurisé dans nos têtes.
Quelques remarques donc.
Globalement explications toujours aussi précises. On s’en est toujours sorti, même sans carte italienne et un altimètre boussole souvent défaillant, hormis vers les lacs Morgon à partir de la Cavale où on a rejoint les lacs plus bas que prévu, mais comme ça on les a tous vus!!!.
– étape 19:
Pour ceux qui prennent la variante par entre deux eaux et qui campent : un excellent EC juste avant la descente sur Lanslebourg au lieu « Fontaniou » (environ 1800m) avec fontaine
– étape 22
1780m, après le pont un nouveau chemin balisé part à gauche (il suit un ancien béal), il indique Eclause et Salbertrand. Il aboutit au hameau de Combes remonte fortement pour atteindre Eclause puis Salbertrand directement dans le centre du village.
A Salbertrand il y a une alimentation (fermée à notre passage fin juillet)
On peut bivouaquer à la Casa Berge (fontaine). On a été repéré par les « rangers « du parc qui nous ont vus depuis le versant opposé. Mais pas de problème : tolérance du bivouac dans le parc si pas de feux… (d’après le sympathique gardien du refuge Daniele Arlaud – excellent chocolat chaud au demeurant)
– étape 23
descente du col lausan pas évidente
EC sortie de grand puy dans un champ abandonné près du chemin (bellissima pour la dame qui nous a vus) Torrent à deux pas pour la toilette.
– étape 24
On peut demander la clé de l’abri du col Clapis en passant à la maison du parc à Pragelato. La clé est laissée au départ dans l’abri des bouteilles de gaz (10€/personne)
– étape 28
Plus d’épicerie à Maljassset depuis 2011. Ravito à St-paul sur ubaye. Stop pas évident le matin car tout le monde monte, peu descendent.
– étape 30
2130m : la cabane de berger était fermée comme la plupart de celles que nous avons rencontrées.
Ravito conseillé à Jausiers (stop ou navette pas pratique)
– étape 31
la cabane de berger au lac du lauzanier est formidable. (2 matelas mousse, cabane propre avec balai, poële, petits témoignages à entretenir) qu’attend le Parc pour installer à l’instar des Italiens, des bivouacs simples et propres qui seraient sauvegardés comme ils le sont en Italie, nous en sommes sûrs.
– étape 33
Pas du Corborant gelé. Au refuge de Rabuons on nous a indiqué un chemin vers le colle longue (4 à 5h) assez ennuyeux.
Colle longue : EC sous l’ancienne caserne avec une fontaine récemment aménagée (on a eu la visite d’un renard qui a déchiré la tente pour se servir).
Rq: la descente de la Guercha à la route d’Isola est sinistre. le camping d’isola : c’est du caillou.
Voila il nous reste encore quelques étapes sur ce formidable trajet. Un meilleur souvenir « montagne » ?: le tour des aiguilles de Chambeyron.
Cordialement
Alix
Michel
le 19/12/2013 La Grande Traversée botanique des Pyrénées
de Juin à fin Août 2013.
D’abord il y avait l’envie, depuis des années, d’avoir le temps de me promener, là haut sur la montagne, les yeux grands ouverts et tous les sens éveillés en symbiose avec le milieu naturel : encore mieux que plus jeune, berger transhumant sur la Vanoise, les Grandes Rousses ou sur le Causse Méjean, parce que là, le temps ne m’importait plus, n’ayant aucune charge à effectuer ; et puis les plantes que je voyais auparavant, maintenant je pouvais les appeler au moins par leur nom de famille, même par leur prénom… car depuis des années j’étais entré dans le « monde de la botanique » qui donne un sens à tous ces êtres végétaux qui nous entourent et nous parlent si on y prête attention. Les plantes ne sont pas là par hasard.
J’ai donc pris avec moi une petite merveille d’appareil numérique pour photographier à mesure que j’avançais toutes les plantes endémiques pyrénéennes à la demande de mon formateur Gérard Ducerf pour les besoins d’un livre.
La cerise sur le gâteau en plus de la balade !
Mais pas toujours facile à gérer, car il faut marcher sur des pentes rocheuses, des couloirs enneigés ou en ardoises schisteuses tout en étant attentif de tous côtés aux merveilles rencontrées, nécessitant parfois des acrobaties : le sac de 15 à 18 kgs à l’horizontal, à 4 pattes, pour prendre en photo le Coquelicot orange de Lapeyrouse dans le couloir du Carlit où les ardoises partent sous les chaussures…
Au détour d’un sentier enjambant une faille en montant vers le col de Certascan, éclatent les Anémones soufrées de ce jaune caractéristique qui nous indique que nous sommes là en présence d’une faille volcanique… (ce qui – comme au Barrage de Grand Maison dans les Alpes, qui a bougé de 50cm… – n’est pas de bon augure pour la retenue de l’Estany de Certascan, et le refuge…).
Et tout au long de la traversée sur les rochers, les Saxifrages (Saxum=pierre, et Fraga=briser), les plantes qui brisent la pierre : les graines émettent des enzymes qui dissolvent la roche pour y prendre racine… et on retrouve le calcaire autour des feuilles (Saxifraga aizoon) .
Aussitôt la fonte des neiges sort l’Anémone des Pyrénées puis l’Anémone amplexicaule et une semaine après,la Soldanelle des Alpes, immuablement…
Même chose pour les Orchidées : en Pays Basque et jusqu’à l’Ossau on trouve l’Orchis de Lange qui est remplacé ensuite par Dactylorhyza majalis et l’Orchis sureau en altitude…
et ainsi de suite.
Bien sûr ça change tout !
On n’a pas dans la tête d’être impérativement au prochain refuge le soir, ce qui oblige à un certain rythme de marche et fait que beaucoup regardent plus les chaussures et les bâtons que le reste ; mais il faut la tente et la nourriture pour les bivouacs ainsi que les cartes nécessaires et le matériel (cette année les crampons furent nécessaires souvent et le piolet aussi au Pas de l’Osque plein de neige, au Col de la Munia en haut du Cirque de Troumouse, dont le passage «dos aux 2 sœurs» était très enneigé et à 45 %.
Le poids du sac augmente donc, mais en lien avec le collègue botaniste (que Jérôme a rencontré à Mounicou) – car c’était mon jour de ravitaillement avant de partir à l’Etang Fourcat dans la brume et la neige fondue le 8 Août – nous étions organisés pour se retrouver tous les 15 jours pour qu’il récupère mes photos et moi le ravitaillement.
Ainsi à mesure que le paysage montagnard change, des estives au minéral enneigé, la flore change, adaptée qu’elle est à la nature du sol, à l’altitude (le Coquelicot orange vit entre 2800 et 3000 m dans l’ardoise, abrité, tout près du Séneçon à feuilles blanches), tout comme la faune (les isards entre 2600m et 3000m), et sachant qu’elle n’a qu’un ou deux mois de vie, elle emploie des stratagèmes comme la couleur bleue (les Gentianes, Bartsies, Delphiniums, etc…) ou la viviparité (la Renouée vivipare) et l’apomixie quand il le faut, pour se reproduire avant l’arrivée de la neige.
Cette année, Xatardia scabra (le Persil des isards) n’a pas fleuri en raison de la neige tombée tard et la Fritillaire des Pyrénées (assez rare) était visible : les troupeaux de brebis sont montés après sa floraison en raison aussi des neiges tardives.
Mais même si le sac est plus lourd, quel bonheur de planter la tente à l’Estany bleu, à 2600 m, et de rencontrer une trentaine d’isards venant s’abreuver à la tombée du jour tandis qu’on y lave ses chaussettes… et de voir la pleine lune se lever au-dessus des crêtes frontière avant de s’endormir serein, en symbiose avec les éléments.
Bien sûr, il y a les orages nocturnes qui secouent la tente et obligent au séchage matinal, ou bien un troupeau de vaches sonnailles au cou qui viennent rendre visite alors que l’on essaie de s’endormir… mais c’est la vie en montagne et l’on apprend ainsi à s’y mêler, et au bout du compte, le lendemain on repart comme si cela devenait le quotidien.
Arrivé à Banyuls sous une Tramontane à décorner les boeufs le 1° septembre, après le merveilleux Carlit sur les flancs duquel j’ai trouvé le fameux Orpin de De Candolle et le Céraiste des Pyrénées, puis l’ascension du Canigou par le couloir à pic mais sec et la descente plein nord les doigts gelés, puis le Roc Frausa, j’ai apprécié de trouver du raisin sur les vignes par une grosse chaleur méditerranéenne invitant à la baignade.
Mais après une journée de détente, il ne m’était pas possible d’arrêter ainsi la balade, le dos, les jambes, la tête… tout en moi était adapté à la marche contemplative car comme disait Jean-Jacques Rousseau : «la marche a quelque chose qui anime et avive mes idées… il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit»…
… Alors j’ai continué par le «sentier littoral», tranquille, en décompressant petit à petit le long de la Corniche d’où je regardais en tournant la tête les Pyrénées s’enfoncer dans les eaux méditerranéennes ; et ainsi par Port-vendres, Collioure et Argelès parmi les figuiers de barbarie en fleurs avant de monter dans un train.
Depuis je suis toujours l’esprit là haut en attendant le printemps et de nouveaux horizons.
Jean-Yves
La HRP ou la Trans Pyr’ vues sous l’angle botanique… Un sujet d’émerveillement supplémentaire pour le botaniste par rapport aux non-initiés ! Le seul problème pour toi : plus les étapes sont intéressantes d’un point de vue botanique, plus elles deviennent longues ! D’où la nécessité d’avoir la tente.
J’ajouterai ici les légendes de tes superbes photos, que j’ai insérées dans ton commentaire : nous avons donc, par ordre d’apparition à l’écran, le Lys des Pyrénées, l’Orchis langei et la Pulsatilla verna.
Cependant, il n’est pas interdit pour les ignares dont je fais partie de s’extasier devant un petit bouquet de fleurs blanches émergeant d’une fissure dans un rocher à 2800m ou un tapis de fleurs roses et rasantes posé sur un col à 2900m balayé par les vents… En tout cas si, comme tu le dis, les fleurs ne poussent pas par hasard, on peut dire aussi qu’elles poussent partout où elles peuvent, y compris dans des endroits assez improbables…
Merci à toi pour ce « coup de projecteur botanique » sur la traversée des Pyrénées, ainsi que pour ta mise à jour sur Can Félix.
Jérôme
le 19/12/2013 Haute Randonnée Pyrénéenne et Trans Pyr’
je te signale Jérôme, qu’il n’est plus possible de passer par Can Félix dans l’étape « Amélie les bains – Las Illas » car Mr Vanara le propriétaire ne veut plus que l’on traverse ses terres qui vont jusqu’au Roc Frausa… il est préférable de passer par le « Moulin de la Palette », excellent refuge avec nourriture bio du jardin et un très bon accueil, et ensuite rejoindre les crêtes frontières au col de Périllou par un bon chemin marqué et alors on suit la crête frontière par les 2 Rocs de Frausa (Occidental et Oriental) pour retomber sur le chemin habituel.
Jean-Yves